Voici des nouvelles de notre agence franchisée Alizés RH Polynésie.

Christophe Lassagne : “La véritable richesse du pays n’est pas mise en avant”

Lundi 16 Février 2015 à 10:21 | Lu 462 fois
ECONOMIE

 

Débat. Tahiti Nui Télévision a lancé sur le web, l’opération “Vos solutions face à la crise”. Chaque semaine, nous publions l’interview d’un professionnel. Patrons, économistes… ils nous donnent leur vision de l’économie polynésienne et leurs idées, initiatives, propositions pour la relancer.
Aujourd’hui, c’est Christophe Lassagne, fondateur d’Alizés RH, entreprise spécialisée en ressources humaines, qui nous répond. Christophe Lassagne est également à la tête de plusieurs autres entreprises locales et s’investit dans des projets de développement du fenua.

Entre autres activités, votre société, Alizés RH, fait des recrutements pour les entreprises du fenua. Quel est votre regard sur le marché de l’emploi en Polynésie ? Les sociétés arrivent-elles encore à créer des postes ?
“Le marché de l’emploi est intimement lié à l’activité économique. L’économie de la Polynésie est en panne depuis de nombreuses années. Les grands projets ne sont pas encore actifs, la métropole n’a plus les moyens de financer comme par le passé, les entrepreneurs locaux retrouvent une certaine confiance mais ne sont pas en phase d’investissement. La remise en route de l’économie sera longue et difficile.”

Selon vous, y a-t-il un manque de personnel qualifié en Polynésie ?
“Oui, il y a encore un long chemin à parcourir. Malgré les efforts en matière de formation professionnelle avec la création du fond paritaire. Il y a encore trop peu de qualification sur les métiers de base. On constate souvent que les personnels réinventent des façons de travailler alors que des méthodes éprouvées existent. Ils n’en ont tout simplement pas connaissance. Cela engendre de l’inefficacité et un manque de professionnalisme. De nombreux postes clés dans le public comme le privé sont tenus par des personnes qui n’ont pas de formation et pêchent par incompétence empêchant des gens formés d’accéder à ces postes. Il y a donc beaucoup à faire dans le domaine de la formation professionnelle et les organisations.”

Que manque-t-il principalement aux entreprises du fenua pour se développer ?
“Des projets, du dynamisme, un gouvernement moins présent, des banques moins frileuses, une révolution culturelle pour sortir d’une économie de comptoir, une taxation adaptée pour déduire les charges de personnel de l’administration du pays et développer les infrastructures.”

La création d’entreprise est-elle, selon vous, une solution face au manque d’emplois ?
“C’est une option, mais tout le monde n’est pas entrepreneur. C’est un profil spécifique, cela étant cela s’apprend. Cela sous-entend, la capacité de prendre des risques, le sens du management, une forte capacité de résilience et une grande motivation. Les aspects techniques comme la gestion, le marketing, ou tous les autres outils ne sont pas négligeables non plus, mais il est toujours possible de se faire aider.”

A votre avis, comment le Polynésien, à son niveau, peut-il contribuer à la relance de l’économie du Pays ?
“À mon sens, la véritable richesse du pays n’est pas mise en avant. Cette richesse, c’est la culture. Une culture vivante qui s’appuie sur le passé. Chaque Polynésien doit retrouver la fierté de ses origines, les savoirs faire uniques doivent être réappropriés et partagés avec le reste du monde. Il s’agit de la connaissance de la mer avec la science de la navigation, la pêche, la culture avec la danse et la musique, l’art, l’alimentation, les langues, l’histoire du peuple polynésien, la cosmogonie, etc. Ces atouts devraient être enseignés dès le plus jeune âge. Chaque polynésien deviendra vecteur d’un art de vivre riche d’une culture spécifique qui peut être partagées sous de multiples formes touchant différents secteurs comme le tourisme, l’enseignement, les sciences.”

Encourageriez-vous les jeunes polynésiens diplômés à travailler dans leur pays ou plutôt à partir ?
“Cela dépend du niveau d’études, un bac+5 aura tout intérêt à travailler à l’étranger pour se faire une expérience qu’il pourra utiliser ensuite de retour au fenua.”

Selon vous, quels secteurs doivent être développés en priorité pour relancer l’économie de la Polynésie ?
“Les secteurs clés sont le tourisme et l’économie numérique, ils devraient s’équilibrer dans les années qui viennent. Malheureusement dans le domaine de l’économie numérique, il y a une grande incompréhension de la part du gouvernement pour développer ce secteur.”

Que suggéreriez-vous au gouvernement de la Polynésie pour relancer l’économie ?
“Que le gouvernement cesse de s’immiscer dans le domaine du privé. Il doit faire confiance aux entreprises. Il doit créer les infrastructures qui permettront aux entreprises de se développer. Que la puissance publique devienne un facilitateur.”

Propos recueillis par M.K

Cordialement,

Yannick Plante

Fondateur & Directeur Général du réseau  Alizés RH

Vice-Président de LEAD RH inc.

+596 696 35 35 83

yannick.plante@alizes-rh.com

Skype : yannick.plante »

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